lundi 30 novembre 2015

"Mon père est parti la guerre"

Mon père est parti à la guerre, John Boyne, 
éd. Gallimard Jeunesse, dès 12 ans.



Après Lucy Lost, voici le deuxième roman sur la première guerre mondiale que je mest en coup de cœur en cette fin d'année. Deux romans aux teintes fort différentes pour parler d'une même absurdité.
Le 28 juillet 1914 est une date que le petit Alfie n'oubliera jamais. Parce que c'est le jour où la guerre a éclaté. Parce que c'est le jour de ses 5 ans. Parce que c'est le lendemain que son père Georgie s'es enrôlé fièrement malgré sa promesse. Il l'a fait pour défendre son pays dans une guerre qui, tout le monde s'accordait à le dire, serait terminée à Noël. Au début, pendant son entraînement à Aldeshot, il écrivait souvent, des lettres gaies que sa mère, Margie, lui lisait. Puis, il écrivait toujours mais Margie cachait les lettres sous son matelas sans les lui lire. Puis, il n'a plus écrit du tout.
Maintenant, ça fait quatre ans que son père est parti. Alfie a 9 ans, il nous raconte la vie quotidienne, la débrouille, les enfants qui se mettent à faire des petits boulots, les femmes qui s'improvisent infirmières et cessent de sourire, les objecteurs de conscience qui coalisent toutes les haines, les amis pragois arrêtés et internés pour "espionnage", le goût de la confiture qui s'oublie, les jeunes soldats blessés et rapatriés qu'on traite de lâches...
Pourquoi son père reste-t-il silencieux? Cette question hante Alfie. Sa mère dit que c'est parce qu'il est devenu agent secret et qu'il n'a plus le droit d'écrire. Alfie est sûr qu'elle lui ment, qu'elle lui cache la vérité pour le protéger. Chaque jour, le jeune garçon épie la liste de statistiques dans le journal: les morts, les blessés, les disparus au combat et prie pour que le matricule 14278 n'apparaisse pas. Et il n'apparaît pas. Alors quoi? Il est mort, c'est ça? Alfie veut savoir et le jour où il lit enfin ce nombre tant redouté, c'est sur un dossier qui va le laisser perplexe...
Les traumatismes de la première guerre "moderne" sur les corps et les esprits humains vus par les yeux d'un enfant à une époque où la psychologie n'en est qu'à ses balbutiements.