samedi 31 janvier 2015

la série des "Kurt"


Alors, je dis "merci", oui "merci" à notre représentante bien aimée qui nous a attiré l'attention sur ces petits livres norvégiens qui, comme ça, n'ont l'air de rien et à côté desquels nous étions passées (honte sur nous!). Un nouveau tome des aventures de Kurt étant annoncé (Kurtville, désormais paru), Gaëlle nous a dit "Héé là les filles, vous ne connaissez pas Kurt! Ah non, mais euh... vous connaissant là, vous allez adorer hein! C'est complètement barré!". Et oui, Gaëlle, je te le dis, nous a-do-rons. D'ailleurs Kurt et le poisson a reçu le Prix Tam-Tam au salon du livre de Montreuil en 2006 (re-honte sur nous!) et puis on parle de son auteur comme étant LA découverte littéraire de ces dix dernières années (là, nous sommes tellement rabougries de honte qu'on nous voit même plus!).

Bon, pour savourer pleinement un Kurt, je vous conseille de le lire à voix haute. En effet, les Kurt sont écrits comme Kurt l'aurait raconté et comme Kurt est assez naïf et plutôt puéril, ben le style l'est aussi. Le texte est toujours à la limite de l'absurde et nourri d'un humour décalé et ravageur. C'est un espace où tout est possible, un grand n'importe quoi qui fait le plaisir de nos zygomatiques. Quant aux illustrations en noir et blanc, elles sont originales et expressives. Le trait minimal de Kim Hiorthoy, proche du dessin d'enfant, souligne le côté naïf du style et donne au personnage de Kurt une identité visuelle unique et reconnaissable entre toutes. Et puis, franchement, vous voyez la tête de Kurt et là vous savez que le récit va être bizarre!

Présentation: Kurt est conducteur de chariot élévateur transpalette. Kurt est conducteur de chariot élévateur transpalette quasiment depuis qu'il est petit. Deux choses comptent dans la vie de Kurt, son Fenwick jaune avec lequel il transporte des caisses sur le port toute la journée du lundi au vendredi, et sa famille. Il est marié et a trois enfants. Sa femme, Anne-Lise, dessine des maisons. Sa fille aînée, Héléna, a 11 ans et est toute maigre (d'ailleurs on l'appelle "Helena la maigrichonne"). Son premier fils lui ressemble tellement qu'on l'appelle Petit Kurt ou Kurt Soda parce qu'il boit que ça. Enfin, il y a son petit dernier de 2 ou 3 ans qui s'appelle Bud parce que sa mère regardait des séries américaines et que tous les héros américains s'appellent Bud.
Voilà, le décor est planté!

Kurt et le poisson
Erlend Loe & Kim Hiorthoy, 
traduc. Jean-Baptiste Coursaud, 
éd. La Joie de lire, dès 9 ans.



Dans Kurt et le poisson, Kurt va trouver sur son quai un très très gros poisson (même qu'on dirait une baleine) et comme ni lui,  ni sa femme ne doivent plus travailler pour nourrir la famille vu qu'ils ont assez de poisson pour manger pendant un mois, ils décident de partir tous ensemble, avec le poisson sur le Fenwick (ou le Fenwick sur le poisson quand ils traversent les océans) et de découvrir le monde. New-York, le Brésil, l'Antarctique (euh... fait pas chaud!) et l'Inde (en avion, avec la baleine dessus hein!). Ils rencontrent plein de gens qui justement parlent norvégiens (ben tiens!), Helena se découvre un appétit vorace pour le poisson et grossit de manière inversement proportionnelle au poisson qui diminue (d'ailleurs, à la fin, on l'appelle "Helena la grassouillette"), Petit Kurt reste obsédé par le soda et Bud grandit un peu. La baleine n'a bientôt plus que l'arête sur le dos... que va devenir la petite famille?

Méchant Kurt!
Erlend Loe & Kim Hiorthoy, 
traduc. Jean-Baptiste Coursaud, 
éd. La Joie de lire, dès 9 ans.


Le thème: l'argent ne fait pas le bonheur ou plutôt "c'est dingue comme un gros diamant peut rendre les gens riches et méchants". Et oui, Kurt sauve un homme de la noyade et devient subitement riche. Tout cet argent lui monte à la tête et la démagogie le guette. Vive Kurt, votez Kurt, Kurt est le plus grand... Oui, mais Kurt devient méchant. Attention Kurt, ton cerveau surchauffe, pétage de plomb en perspective...

Kurt quo vadis?
Erlend Loe & Kim Hiorthoy, 
traduc. Jean-Baptiste Coursaud, 
éd. La Joie de lire, dès 9 ans.


Le sujet principal? Disons le besoin de reconnaissance, le piège de se comparer à autrui et de vouloir se faire passer pour ce qu'on n'est pas. Ceci dit, pour nos ados et leur besoin irrésistible d'être intégrés dans un groupe, leur complexe d'infériorité, leur difficulté à voir comme c'est chouette d'être unique et leur hantise du rejet, c'est quand même bon à prendre, surtout quand c'est pris avec humour! Extrait de l'élément déclencheur du drame "Kurt ou quel sens donner à sa vie?":
"Et ça te plait de conduire ton Fenwick?
Oui, j'aime bien conduire mon Fenwick. J'ai toujours aimé ça.
Le docteur opine du bonnet. Mais ce n'est pas si important que ça au bout du compte, dit-il.
Qu'est-ce que tu veux dire? demande Kurt.
Je veux dire que conduire un Fenwick ne peut en aucun cas être aussi important que tout un tas d'autres métiers.
Quel genre d'autres métiers? demande Kurt.
Le mien par exemple. Ou celui de ma femme. Nous sommes docteurs tous les deux."
Il nous en invente des gravos le Kurt pour devenir "intéressant"! Mais où Elend Loe va chercher des idées pareilles?
ps: à la fin, les docteurs hyper intelligents mais hyper imbuvables seront verts de jalousie quand ils verront que Kurt est porté en triomphe dans la ville pour avoir sauvé un tas de gens tellement il est hyper doué avec son Fenwick. Na! 

Kurt a la tête en cocotte-minute
Erlend Loe & Kim Hiorthoy, 
traduc. Jean-Baptiste Coursaud, 
éd. La Joie de lire, dès 9 ans.


Vraiment bien! Parler d'immigration, de chauvinisme et de xénophobie sans tomber dans le moralisme ou dans les clichés neuneus. Accueillir des étrangers est sans doute l'occasion de découvrir une autre culture et plein de choses pa-ssio-nnantes mais non, Rashid n'est pas un saint et non, la Norvège n'autorisera pas les étrangers à rester même si Bud est amoureux fou de Fatima et même si Rashid a sauvé la vie du roi parce que le roi n'a aucun pouvoir à part celui de couper des rubans d'inauguration avec ses beaux ciseaux. Les dialogues sont succulents et Kurt fait preuve d'une mauvaise foi championne du monde et d'un agacement jaloux qui lui fait la tête en cocotte-minute. Une vraie tête de cochon ce Kurt (tête de cochon toi-même!).