samedi 17 janvier 2015

"Alice au Pays des Merveilles"


Alice au Pays des Merveilles
Lewis Caroll & Rebecca Dautremer, 
éd. Gautier Languereau, dès 8 ans.


Nous l'avions attendu plus que de raison, le désir montait, nos moustaches frémissaient, nos mains fébriles, l'eau à la bouche en voyant les images présentées sur le site de cette illustratrice de génie et puis... il est arrivé. Grand format lourd et épais (144 pages, quand même), texte intégrale (of course) et illustrations, rhaaa, à couper le souffle. Moi, ce que j'admire toujours, c'est cette façon qu'à l'illustratrice de se dévêtir de toutes les images attachées à des personnages pour nous en donner la sienne propre, totalement vierge, neuve, originale. Elle aurait pu reprendre sa propre Alice, celle créée pour son dessin animé Kérity, la maison des contes, mais non, ne jamais tomber dans la facilité, toujours innover, se réinventer. Sa chenille avisée devient une sorte de Babayaga velue...


... son chapelier fou devient, entre ses doigts, un jazzman afro-américain à lunettes et chapeau melon, la comtesse du chapitre Poivre et Cochon, une sorte de gros scarabée bleuté dans une cuisine ruisselante de détails (clin d’œil improbable à Harold Lloyd!) et comme déformée par l'objectif d'un appareil photo et puis son chat du comté de Chester disparaissant est géniale de chez génial avec sa dent pourrie, je l'adore!



Le livre contient de riches doubles et pleines pages couleurs et des croquis pseudo scientifiques en noir et blanc décrivant, par exemple, les divers stades de la chute d'Alice dans le terrier ou de la croissance de son cou ou de la transformation du bébé en cochon...

Bon, l'histoire, comme vous avez tous désormais, grâce à mes bons conseils, le pop up de Sabuda ainsi que la très belle version illustrée des gravures sur bois de Thomas Périno, vous la connaissez par cœur. Re-concentrons-nous plutôt sur les dessins et aquarelles. Pour vous donner une idée du travail que cela représente, je vous invite à regarder cette vidéo où l'on peut voir Rebecca Dautremer au travail et les différentes étapes de la planche illustrant le terrain de croquet de la reine.


Franchement, en me plongeant dans les illustrations et en scrutant tous les détails (le bord de dentelle rouge usé du bonnet-capuche de la reine!), je me disais "mais c'est vraiment une grande malade!", parce qu'il faut aimer l'illustration à la folie ou être une vraie masochiste pour pousser le détail à ce point! Regardez chaque brin d'herbe du quadrille des Homards, les motifs des tissus qui doivent s'adapter aux plis du vêtement, chaque poil du lapin blanc! Je ne suis pas déçue, oh que non! C'est du grand Rebecca Dautremer!